Il était une fois 3 ruches au bord de l’autoroute …

« Ceux qui ne font rien ne se trompent jamais. »

Théodore de Banville, poète

 

Un des axes de l’innovation managériale est la collaboration et l’adhésion. Comment trouver de nouvelles approches pour maintenir le niveau d’engagement de ses collaborateurs ? L’enjeu principal étant de faciliter les échanges et la coopération entre collaborateurs, indépendamment de leurs rôles et de leurs statuts, afin de favoriser la création de valeur collective.

Ce premier thème « des animaux au service du management » va nous permettre de comprendre pourquoi et comment l’entreprise décide de faire entrer des animaux dans son enceinte et surtout ce qu’elle en tire comme profit ou leçon. J’ai décidé de rencontrer ces entreprises pour recueillir leur témoignage et vous les exposer dans ce blog.

Rencontre avec Claire Brun, déléguée développement durable du groupe APRR, une manager passionnée par sa mission. Elle me propose un verre d’eau en m’indiquant que le gobelet ne partira pas à la poubelle mais sera recyclé ! Oui pour Claire, le développement durable n’est pas que dans l’intitulé de son poste mais un message fort qu’elle fait passer dans l’entreprise. Elle vient au bureau avec du matériel d’apiculteur à coté de son PC portable mais ce n’est pas d’un ton mielleux qu’elle répondra à mes questions.

Pourquoi cette initiative ?

Pour contribuer à l’engagement d’Eiffage dans la stratégie nationale pour la biodiversité, le groupe APRR a proposé deux actions : une en direction des salariés et l’autre vis-à-vis de ses clients. Ce qui nous intéresse dans cet article, c’est l’action concernant les salariés qui consiste à mettre en place des ruches sur des sites des entreprises APRR et AREA. Cette action va participer au maintien de la biodiversité et à la survie de l’abeille de façon écologiquement active et responsable. Cela valorisera plus largement la démarche environnementale du Groupe et permettre la tenue d’événements conviviaux au sein des entreprises. Par le media abeille, les salariés vont découvrir la complexité du milieu naturel et les interactions favorables ou non à la biodiversité. Ils auront en premier lieu une meilleure connaissance de l’abeille, de ses besoins et de son rôle dans la pollinisation.

Jerôme Chevarin, employé d’APRR, a obtenu un Master 2 BIOTERRE, Biodiversité Territoire Environnement en 2013 dans le cadre de la chaire d’entreprise Eiffage-Paris 1. Son mémoire « les abeilles : exhausteurs de biodiversité… ou effet buzzzz » était consacré au lancement de l’action au sein du groupe APRR. Il y montre notamment que, par de courts contacts répétés, les employés vont s’imprégner de la biodiversité.

Comment ça se passe sur le terrain ?

Dans un premier temps, il était prévu qu’un apiculteur extérieur prenne en charge la gestion des colonies et fasse quelques animations autour des ruches. Finalement, l’équipe de pilotage du projet a tenté une autre approche, en accord avec la direction du Groupe : faire appel à des employés volontaires, ayant des compétences pratiques en apiculture et prêt à s’investir hors temps de travail pour s’occuper des ruches propriété d’APRR.  De cette manière, l’apiculteur est plus accessible et abordable ; il n’est pas extérieur à l’entreprise. La première année a débuté avec 4 apiculteurs. Chacun a signé une convention de 3 ans pour garder la notion de choix dans un projet de longue haleine (2013-2020). Dès 2014, 4 autres ruchers ont été installés.

Le groupe APRR a des implantations  sur tout son réseau autoroutier, de Paris à Grenoble, Mulhouse ou Clermont-Ferrand, ce qui permet de constituer plusieurs équipes en laissant une part importante à l’initiative locale. Chaque équipe pourra aussi se nourrir des initiatives des autres, puisqu’au-delà de la gestion des ruches, d’autres actions de découverte ou de prise en compte de la biodiversité seront initiées. Pour les employés, un nouveau rayon de soleil rentre dans leur activité.

Aux côtés de l’apiculteur, un accompagnement plus ou moins novice en apiculture permet de faciliter, voire sécuriser les interventions. Il peut avoir l’œil du candide et partager ses découvertes et son étonnement avec d’autres employés.

D’autres collègues peuvent apporter leurs talents (photographe, jardinier, concepteur d’hôtel à insectes, création artistique …) ou leur bonne volonté telle une abeille ouvrière œuvrant pour le collectif.. Les idées et pistes d’action sont accueillies quel que soit le niveau hiérarchique de l’employé qui prend l’initiative. C’est une démarche ouverte également  aux personnes en CDD ou en stage.

Même si l’action est essentiellement orientée vers l’interne, une belle opportunité de communication externe a été saisie en septembre 2013 lors du Vélotour de Dijon :des membres des différentes équipes apicoles ont exposé leur projet et fait déguster leur premier miel aux cyclistes de passage au siège social d’APRR. Une façon originale de susciter la surprise et la curiosité des visiteurs qui découvraient un autre visage de l’autoroute !

Qu’est ce que cela apporte à l’entreprise ?

Dans cette approche par le biais de la biodiversité, on peut se demander : les stratégies de développement durable favorisent-elles l’émergence de l’innovation managériale ?

Par cette démarche le groupe APRR renforce 3 aspects du « bien entreprendre ensemble »:

1. La solidarité 

Un enjeu intéressant pour le Groupe se joue autour de la solidarité, la coopération et l’entraide entre les sites accueillant un rucher : matériel mutualisé entre 2 sites, fourniture de cadres remplis de miel pour montrer l’extraction, mise en commun d’une partie du miel récolté, y compris pour les sites n’ayant pas pu faire de récolte, partage entre les 4 sites des difficultés dans la gestion des colonies, et des solutions , fourniture d’essaim en cas de disparition hivernale d’une colonie, partage de l’exposition itinérante « votre curiosité sera piquée », etc. Ces dimensions se renforcent aussi au cœur des équipes d’un site : relais en cas d’absence, mise à disposition de matériel pour des ateliers, recherche de solutions pratiques.

Et d’autres collègues peuvent-être sollicités en fonction de leur métier et des besoins à couvrir. Par exemple : récupérer de la terre végétale ou du paillage issu du broyage de végétaux, trouver un local de stockage, apporter des graines pour des jardins fleuris, etc…

2. L’échange

Des personnes de métiers différents se mettent en relation par le biais de cette action. Sur les huit apiculteurs volontaires, deux seulement travaillent dans la filière environnement. Les autres sont électronicien, agent de sécurité viabilité, informaticien, agent routier ou surveillant de travaux. Et parmi les accompagnants et les équipes « biodiversité » locales, les filières sont encore plus diversifiées : accueil, ressources humaines, finances, moyens généraux, clientèles, ingénierie, gestion, communication, etc.

Ces collègues échangent des questions et des connaissances en premier lieu sur les abeilles, mais rapidement le sujet s’élargit à d’autres actualités locales ou mondiales liées à la biodiversité. L’affichage et la mise à disposition de documentation dans certains services témoignent de ce nouvel intérêt qui ne demandait qu’à pouvoir s’exprimer. La démarche offre un cadre d’expression pour de nouveaux savoirs.

Sans oublier les temps d’animation (visite du rucher, extraction du miel, exposition, dégustation des produits de la ruche, pique-nique thématique, conférence) qui sont des occasions privilégiées pour partager des interrogations, des découvertes, une passion et attiser la curiosité afin de poursuivre et amplifier l’aventure.

Et que dire de ce collègue craignant les piqûres d’abeilles qui reste plusieurs minutes le regard brillant fixé sur le spectacle des abeilles « lécher » méticuleusement  le miel restant sur un cadre après l’extraction ? ! [Le cadre étant posé sur le rebord de fenêtre du bureau de l’apiculteur, vitre fermée]

3. La convivialité

Pour illustrer ce point, j’ai eu la chance de participer à un workshop organisé par l’équipe biodiversité de Bron.

Samedi matin, il pleut et je retrouve malgré tout une équipe dynamique, joyeuse et travailleuse. Certains sont arrivés de bonne heure pour confectionner les petits jardins prêt de l’hôtel à insectes : pelles et brouettes de terre sont au programme.

A l’abri, chacun s’active dans la bonne humeur et sait ce qu’il doit faire : une organisation sans heurt. Tout le monde a un poste : nettoyage des éléments de ruches (hausse, grille à reine…), peinture, montage de la cire sur les cadres pour la nouvelle saison … Un travail efficace qui se terminera plus tôt que prévu pour laisser place à un repas commun fort sympathique.

Si abeilles nous offrent des rayons de soleil (au sens propre et figuré), nous ne pouvons les partager qu’avec le sourire !

Et la suite …

La création en cours de l’association RÉSEAU Bzzzz pour fédérer toutes ces énergies et faciliter l’essaimage au sein du Groupe Eiffage.

 

 

Posted on 12 septembre 2014 in A la découverte de ...

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A propos de Patricia Quist

Fondatrice WhyBusiness

Website: http://www.why-business.com

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